Pas de Gazette en août 2008.

Publié le par Ar c'haz du.

Miaou Lecteur,

 

Non, pas de Gazette en août. D’abord parce que presque rien d’intéressant n’est venu alerter mes moustaches et ensuite et surtout parce que le cas échéant, je ne m’en serai sans doute préoccupé que le mois prochain. C’est que, voyez-vous, j’ai perdu un pote motard…

 

Ce n’était pas un mon meilleur ami, ce n’était pas un grand copain mais c’était un pote motard… Lui et moi on se parlait de temps en temps. Au moins une fois par semaine lorsque je commandais une bière ou une eau pétillante dites un peu folle au taulier du rade ou j’aime à traîner les jeudi soir lorsque d’autres potes motards répètent la musique que j’aime en vue d’un jour, peut être, faire de la scène. Je lui parlais parce que le taulier bin c’était lui ! Et on l’a perdu…

 

Il laisse une femme effondrée et une progéniture qui ne semble pas encore bien réaliser (mais ça va venir). Il avait mon âge à un mois près jour pour jour. C’était un type assez amusant, franc et direct, prudent sur la route pourtant, mais voilà, si on veut vraiment être prudent sur la route, il ne faut pas rouler. Le conducteur de la voiture qui, semble-t-il, (l’enquête est en cours) lui a coupé la route l’a moins été, prudent, mais il est indemne c’est mon pote motard qu’on a perdu…

 

Je n’aimerais pas être à la place du conducteur de la voiture, vivre avec ça c’est sans conteste une vraie malédiction. Je n’aurais pas non plus souhaité qu’il y passe à la place de mon pote, j’aurais juste aimé que le choc n’ait pas eu lieu et qu’ils en soient quitte pour une « explication » bien sentie qu’il nous aurait raconté, mon pote motard, le jeudi suivant. On aurait glosé velu sur l’inconscience des « autres » et les risques que notre condition de motard nous fait courir et on aurait fini ça avec un café et une fraise « que pour les enfants » que je n’aime pas vraiment et que j’aurais offert à la première jolie fille présente que mon regard profond aurait croisé avec un sourire faussement timide… Mais, au lieu de cela, on a fait une veillée funèbre et ces cochonnerie de fraises au sucre, j’en ai mangé au moins trois parce que mon pote motard, on l’avait perdu…

 

Moi qui m’étais promis de ne plus faire d’enterrement (pas même pour ma mère), j’ai pas hésité à me renier et je suis venu au sien… en moto. Tous ses potes étaient là, en moto aussi pour la plupart. Défi ? Hommage ? Pour moi, les deux sans aucun doute, mais je n’ai pas pu entrer dans l’église… Dieu, je n’ai rien contre on s’expliquera entre nous à la fin s’il en a le courage, mais la religion j’ai toujours eu du mal. Ce n’est pas de la faute de mes parents, ils ne m’ont pas élevé dans l’athéisme et une bonne partie de ma scolarité s’est faite en institution catholique… Mais j’ai rapidement mesuré le pouvoir que tirent les religions de leurs ouailles. Bref, les baptêmes et les mariages, tous ces trucs pas sérieux ou on m’invite soit, je viens et je participe, mais la mort, ça non, pas avec un gourou pour me dire quoi en penser. Ce chemin je le fais seul ! Il n’était pas seul mon pote qu’on a perdu…

 

A sa sortie, pour le dernier voyage, on a tous emballés les moteurs (on dit « rupter » dans le milieu motard, perso je n’aime pas et je ne le fais jamais…) pour faire un maximum de bruit. La rage, le constat de l’impuissance, la tristesse sont passés par les pots d’échappements. Cinquante motos qui hurlent, c’est bruyant, ce n’est pas le glas du corbeau qui pouvait rivaliser ! Puis, on a suivi notre pote au cimetière. Il bruinait, ça tombait bien, plusieurs d’entre nous avaient de l’eau dans les yeux, or, c’est connu, ça ne pleure pas un motard... Avant de mettre le sapin en terre, on a pu s’en approcher. J’ai touché le cercueil en passant et j’ai enfin réalisé que j’avais perdu un pote. Cet irrévocable et définitive perte, je l’ai ressentie au physique. Comme un déchirement ; ma vie sans lui ce ne sera pas comme ma vie avec lui et ça, ça m’a fait mal ! Voilà, pas de gazette en août donc, j’ai perdu un pote motard…

Ar c'hazh du.

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