La gazette de mars 2009 :

Publié le par Ar c'hazh du

Miaou lecteur,

Mars, l’équinoxe nous fait quitter l’hiver, le printemps commence chaudement ; on manifeste et les impôts, encore…

Grève du 19. La crise n’est pas jugulée et la contestation monte. Et notre despote élu pour cinq ans stigmatise (il aime tant ça, diviser la population) les grévistes comme des nantis qui peuvent se permettre de manifester… Voilà bien un argument inepte ! Si les revenus de certains sont si faibles qu’il les empêche de faire grève, il faut alors compter d’autant plus de protestataires ! Mais le débat n’est, bien sûr, pas de savoir combien peuvent ou ose exprimer leur mécontentement, mais bien de savoir ce que l’état (ou les états) doit faire pour aider les plus défavorisés à survivre à cette crise qui résulte, faut-il le rappeler, des dérives absurdes d’un système, présenté comme le seul possible, qui favorise les forts et détruit les faibles, ce qui est l’antithèse d’une société humaniste, censée se substituer à la loi de la jungle. Et, une fois défini ce que l’état (ou les états) doit faire, comment il doit s’en donner les moyens, ce qui nous ramène (voir ma gazette de février dernier) à la question de l’impôt, de sa légitimité et de sa « justesse ».
Or, le bouclier fiscal ne sera, bien entendu, pas revu. Notre despote élu pour cinq ans nous l’a réaffirmé : « Il ne sera pas un président qui augmente les impôts » ! Dit-il ! C’est donc sans doute une erreur de ma banque si celle-ci m’envoie un courrier pour me préciser qu’il faut que je déclare les « profits » réalisés par mon livret A en 2008, profits sur lequel sera prélevée une taxe nouvelle de 1,1%… Comme je le disais le mois dernier, jamais je ne me plains de payer des impôts et les quelques euros que je vais perdre sur des intérêts versés pour ma modeste épargne de 2008 ne m’empêcheront pas de dormir, d’autant qu’ils iront, promis juré, aider les « bénéficiaires » (heureuses personnes !) du RSA.
Mais je note deux choses :
Premièrement, une fois encore, les classes moyennes vont payer une taxe de solidarité à laquelle vont échapper les tranches les plus fortunées de la population protégés par le « bouclier » fiscal. Une digression au passage, ami lecteur ; la rhétorique commu-niquante toujours aussi abjecte : Un bouclier protège ; et qui d’autre devraient être protégé par celui de l’état, sinon les plus faibles d’entre nous ? Or qui donc se trouvent de fait « protégés » par ce bouclier ? Je te laisse conclure ami lecteur.
Deuxièmement, notre despote élu pour cinq ans, abusant du langage et de la crédulité des masses populaires, ment effrontément lorsqu’il prétend ne pas augmenter les impôts puisque de fait, cette nouvelle taxe sur l'épargne date de 2008, durant son mandat et avec son aval donc.
Au final, seules les (très) riches, une fois encore, seront exemptés de l’impôt. Lorsque qu’il prétend ne pas augmenter les impôts, il faut entendre, qu’il prétend ne pas augmenter les impôts des riches… Mais qu’attendre d’autre d’un gouvernement des riches, pour les riches mais élu par les pauvres ?
Le bouclier fiscal protège 14.000 foyers fiscaux et coûte à l’état 460 millions d’euros (source de Bercy), soit 33.000€ par foyer fiscal ! 33.000€, c’est quasiment ma paie annuelle d’ingénieur au bout de presque 20 ans de carrière. Il existe donc, en France, 14.000 foyers fiscaux qui, grâce à cette loi, économisent en impôts la paie annuelle d’un cadre installé. Je n’ose imaginer leurs revenus ! Oh oui, qu’il était urgent de protéger ces malheureux, victime de la rapacité étatique !
La TVA sur la restauration va baisser à 5%. Cette opération va coûter à l’état 3 milliards d’€ (sources de Bercy toujours). Soit moins de 100€ par foyer fiscal… Encore faut-il que le dit foyer puisse se payer un resto de temps en temps ou un café par semaine sur le zinc pour profiter pleinement de ce magnifique effort de relance du pouvoir d’achat ! Et encore faudrait-il aussi que les restaurateurs répercutent complètement cette baisse… Bref, comme d’habitude, des miettes pour le peuple et le gâteau pour ceux qui ont déjà tout !
Seule concession accordée à la canaille, une petite serpillière pour éponger le massacre des laissés pour compte de la faillite sociale entraînée par les faillites financières :
- Une meilleure indemnisation du chômage partiel, en portant le taux de 60% à 75%.
- Une prime de 500 euros en soutien aux salariés dont les CDD n'ont pas été reconduits, s’ils ont travaillé au moins deux mois dans les 28 mois précédents.
- Un cadeau aux ménages, avec la suppression, pour quatre millions d'entre eux, pas trop pauvres ni trop riches, des deuxièmes et troisième tiers de l'impôt sur le revenu.
Mais, plus un mot sur la répartition équitable des profits entre les actionnaires, l’investissement et les employés et ce en dépit des résultas excellents encore en 2008 des grandes entreprises multinationales.
De grandes gesticulations médiatiques au sujet des primes et autres parachutes pour féliciter l’incompétence et la gabegie des dirigeants crapules et autres patrons voyous, mais aucune nouvelle de la loi promise en septembre dernier, et pour fin 2008, visant à interdire ces pratiques. On décrète que les boss des entreprise aidées devront rester vertueux, on parle de produire un règlement, on parle oui, on parle… Tu parles !
Enfin, aucune remise en cause des allègements de charges sur les heures supplémentaires, fidèle à cette politique absurde qui consiste à épuiser les travailleurs pour un revenu à peine décent tandis que les autres, chôment pour une misère que l’on vient en plus leur contester en les traitant de fainéants et de profiteurs (stigmatiser et diviser le peuple, toujours). Comme c’est facile et comme les petits loups blancs mordent vite à de tels appâts ! Ah, comme ils semblent heureux, les petits loups blancs de Continental, de Gandranges (exemples médiatiques parmi tant d'autres qui le sont moins) d’avoir cru aux promesses de pérennité de leur emploi en échange du retour au 39h. Ils devaient travailler plus pour gagner plus, ils ne travailleront plus du tout pour ne plus rien gagner…

Finalement, crise ou pas crise, le gouvernement ne change rien à sa politique et poursuit envers et contre tout (et presque tous) sa marche néo-libérale forcée et fanatique. Même A. MINC, l’un des chantres du néo-libéralisme, a récemment appelé les dirigeants à un peu de décence et de retenue, leur rappelant que ce pays adore les boucs émissaire… Et moi, petit chat noir, je rappellerais volontiers à A. MINC qu’un bouc émissaire est une victime expiatoire, un innocent sur qui se cristallisent les ressentiments. Or les dirigeants cupides et avides qu’il met en garde ne sont pas innocents et, même si leurs débordements sont légaux, grâce à ton vote petit loup blanc, ils n’en sont pas moins illégitimes.
De la désespérance naît la révolte et la révolte peut vite dégénérer en révolution. Le gouvernement et le MEDEF ont reculé dans les îles, nul doute qu’il en ferait autant en métropole si les petits loups blancs cessaient de leur faciliter la tâche. Mais dehors désormais il fait beau. Alors en attendant celui des peuples, vive le printemps de la nature.

Ar c’hazh du.

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