La gazette d'août 2009 :

Publié le par Ar C'hazh Du

Miaou lecteur,

Comme promis, la suite de ma Gazette de juillet, prônant le plus d’être et le moins d’avoir.

Après avoir montré, rapidement, pourquoi il nous faut, dans la perspective d’une société humaniste, c’est à dire une société visant « au plus grand bonheur possible du plus grand nombre » comme le propose Priestley reprit par Bentham, faire primer l’être sur l’avoir, je te propose ici, ami lecteur, quelques pistes pour limiter la quantité d’avoir à laquelle chacun peut prétendre. Nul doute que ces pistes feront hurler les petits loups blancs, toujours prompt à ne voir que leur intérêt immédiat et personnel sans se rendre compte qu’ils font ainsi le lit de ceux qui les exploitent, mais c’est pourtant ainsi qu’il faudrait envisager une société plus heureuse et plus durable.

Première piste : l’héritage.
Puisque le capital accumulé est facteur d’inégalité sociale et que le modèle élaboré ici tente de proposer une meilleure répartition des richesses sans, bien sûr, décourager la motivation des producteurs de richesses, erreur commise par les collectivistes, il semble logique de limiter la part de richesse qu’un individu peut recevoir sans avoir pour autant participé à l’effort commun pour la produire. Or, comme disait Beaumarchais, les héritiers se donnent juste « la peine de naître et rien de plus ». A ce titre, je milite pour la suppression du droit à hériter et le retour à l’état (c’est nous) des biens meubles et immeubles d’une personne décédée. Bien entendu, ce type de proposition radicale doit être relativisée et amendée par quelques aménagements de simple bon sens. Ainsi, par exemple, on laissera la jouissance des biens (l’usufruit) au dernier vivant d’un couple et l’on instaurera une franchise fiscale à la hauteur du prix d’une maison modeste et des quelques biens meubles qu’elle pourrait contenir ; je ne cherche pas à spolier les enfants des gens modestes mais à capter les héritages souvent considérables des familles qui collectionnent les châteaux, les résidences secondaires, les terrains agricoles, viticoles ou forestiers, les toiles de maîtres et autres œuvres d’art, les voitures de sport, les juteux placements et j’en passe. Toutes ces choses égoïstement acquises par des profits réalisés sur le travail des individus moins favorisés par le sort contraints au salariat pour vivre et se créer un foyer.
Si un patrimoine conséquent ne peut plus être accumulé dans le but de le transmettre, à quoi bon dès lors le constituer ? Cet argent dormant, destiné aux héritiers devra, soit être consommé de son vivant (ce qui fera tourner la machine économique), soit être redistribué par l’état au décès. Cette approche égalitaire de la naissance, outre qu’elle évitera la création de « mentalité d’héritier » (de gosse de riche si on préfère), a aussi le mérite d’éviter que les richesses ne se concentrent, par accrétion, dans les mains de peu de gens, ce qui n’est jamais très bon pour une démocratie et à coup sûr mauvais pour les ressources de la planète.
Le cas du patron de PME qui décède reste assez délicat à gérer. Il nécessiterait un développement à lui seul. L’idée, pour éviter un démantèlement d’une entreprise viable, serait de transférer la propriété à un patron repreneur. Il lui resterait interdit de tirer profit de la disparition de la dite entreprise ou de la revendre avec profit (voir la dernière piste)

Seconde piste : le revenu maximum.
Si la société développée occidentale et moderne (un état social) prévoit un salaire minimum pour toute activité salariée et même parfois un revenu minimum pour chaque citoyen indépendamment de son travail, il reste un long chemin à parcourir pour faire accepter un revenu maximum. L’idée qu’aucune activité ayant un rôle social ne pourra jamais prétendre à une rémunération supérieure à un maximum fixé par la loi, choque encore nombre de petits loups blancs. Et pourtant, j’ose un chiffre. Je ne pense pas qu’il faille dépasser un revenu dépassant de 300 fois le revenu minimum. Ainsi entre le « Rmiste » et le « Mannequin de pub » ou le « Grand capitaine d’industrie ou son actionnaire » ou encore « l’Artiste ou le Sportif adulé », ce facteur limiterait les gains de ces « grands hommes » à 150.000€ par mois ce qui semble tout de même très suffisant pour entretenir un foyer décent… Je parle bien de revenu et non de salaire. Il est en effet bien connu que le salaire des « grands hommes » ne représente qu’une part marginal de leurs revenus.
Pour y parvenir, je propose de laisser libre les sources de revenus, je ne remet pas en cause le principe des professions libérales, et de contrôler ce total par l’impôt, (cf. la troisième piste ci-après). Libre à chacun de travailler et même de travailler beaucoup pour vivre et vivre bien, mais force doit rester à l’état de contrôler et limiter les accumulations de biens dans les mains d’un petit nombre pour prévenir le risque de faire tomber la démocratie dans l’oligarchie ou la ploutocratie.

Troisième Piste : L’impôt juste et confiscatoire.
Comme je l’ai déjà dit dans de précédentes Gazettes, l’impôt, pourvu qu’il soit équitable, ne constitue pas une injustice mais, bien au contraire, est le garant d’une certaine paix sociale par une judicieuse redistribution. Je propose donc que l’impôt sur le revenu soit considérablement revu pour permettre une progressivité qui va, non pas comme aujourd’hui de 0%  jusqu’à 40%, mais bien jusqu’à 100%. Je ne rentre pas dans les détails de cette mécanique, n’étant pas fiscaliste. Disons simplement que l’excèdent au-delà d’un certain revenu (300 RMIs par mois), est intégralement reversé à l’état. En parallèle, je propose de supprimer ou du moins diminuer la TVA sur les produits de consommation courante (ce qui constitue « vraiment » le panier de la ménagère).

Dernière piste : l’interdiction de la spéculation.
Le point sans doute le plus important en ces temps qui viennent de montrer les ravages que peuvent causer l’avidité et la rapacité sans limites des spéculateurs. Le principe est donc assez simple : interdire la réalisation de profits de la vente d’un bien sur lequel n’a pas été effectué de valeur ajoutée. Ce principe s’applique tout particulièrement sur les marchés ; il permet de continuer à investir dans une entreprise et d’en tirer des dividendes selon le principe, proposé par notre despote élu pour 5 ans lui-même du 1/3 aux actionnaires, 1/3 pour l’investissement, 1/3 pour les employés, mais il interdit de revendre une action (ou quoi que ce soit de coté aujourd'hui sur un "marché") plus chère qu’elle n’a été achetée (en euros constants).

Bien entendu, ses propositions restent des principes, des pistes, et demandent de multiples ajustements. Un obstacle (et non des moindres) est l’instauration d'un système de répression des fraudes. efficace. Mais quand on voit l’énergie policière qui est dépensée pour la répression routière ou du vol de pomme dans ce pays, nul doute qu’une correcte réorientation des forces de police vers la délinquance en col blanc donnerait des résultas bien plus intéressant en matière de retour sur investissement, pour ne rien dire de la meilleure justice sociale qui s’instaurerait. Par ailleurs, la meilleure répartition des richesses qui en résulterait, découragerait la petite délinquance (pourquoi voler ce que l’on possède déjà ou ce que l’on peut s’offrir sans trop souffrir ?). Enfin, les individus, débarrassés de la pression de la compétition et assurés d’un confort matériel minimum pourraient se tourner vers des objectifs de vie beaucoup plus satisfaisants ; la quête de leur être, le soin de leurs blessures spirituelles, le partage  et l’échange avec les autres, l’augmentation de leur culture, de leur savoir, de leur joie par l’amour, par les loisirs, et la recherche d’une paix intérieure quand la mort se rapproche.
Moins de stress, plus de plénitude, moins de travail, plus de plaisir. J’aime mon utopie. Pas vous ?

Ar c’hazh du.
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J
Merci pour cette gazette, encore une fois un moment agréable de lecture.<br /> Ton utopie me plait, mais commençons alors par ne pas l'appeler utopie.. Ou bien au sens de T Monod ("L'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé")
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