La gazette d'avril 2010.

Publié le par Ar C'hazh Du

Miaou lecteur,

Pour ce mois d’avril, j’aborderais un sujet déjà assez ancien qui m’avait (presque) complètement échappé et qui, heureusement, revient dans l’actualité. Pour l’aborder avec calme car il me semble grave, et puisque j’avais ce mois ci un peu de temps (en fait de congés à solder), j’ai fait un peu de recherche sur le net. Cela me permet de crédibiliser mes dires en citant des « sources ».

Il s’agit du rattachement (quoi que recouvre ce terme) de la gendarmerie au ministère de l’intérieur effectif depuis août 2009 avec en corollaire l’autorité donnée au préfet sur les gendarmes en matière de sécurité, autorité qu’il exerçait de fait depuis 1995. Les corps de sécurité publics sont donc désormais rattachés à un seul homme : le ministre de l’intérieur. Sans vouloir jouer la comparaison facile ni concourir pour le point Godwin, ce fait n’a eu lieu qu’une fois dans l’histoire de notre pays depuis la révolution française : sous la France de Vichy avec R. Bousquet à sa tête. Si j’en crois le député et conférencier JJ Uvoas (dans une note qu'il a publié pour terra nova le 26 juin 2009, ref. 164-police), même Fouché n’a pas su faire aussi bien sous Napoléon le premier… S’il peut paraître incongru d’avoir dans notre république, un corps de police et un corps de gendarmerie, tous deux chargés de la protection des citoyens, avec la duplication des moyens, procédures, hiérarchies et j’en passe, donc un coût induit plus élevé, il ne faut pas perdre de vue que les rôles et missions ainsi que les « spécialisations » des deux corps ne sont pas exactement les même. JM Berlière, historien des forces de l’ordre françaises plutôt connu, soumet à notre analyse une intéressante interview sur le sujet. Il n’a pas manqué, ailleurs, de pointer l’importance de deux corps de force de l’ordre, pour la préservation des équilibres des pouvoirs et limiter celui du ministre de l’intérieur. Mais ce rattachement n’est pas une idée neuve (elle remonte à 1995 au moins). Toutetois sa mise en application, corrélativement à une « réforme » de la justice également en cours, me semble être une nouvelle atteinte au contrat social et aux valeurs de la république. Sous le couvert de faire des économies budgétaire, prétexte facile et ouvrant la porte à tous les abus autocratiques, l’état, qui jusqu’à présent, même dans sa vision la plus libérale conservait au moins ces fonctions régaliennes ouvre la porte aux inégalités des citoyens devant la protection. En effet, ces réformes ont pour conséquences direct l’allégement des effectifs, et une refonte des zones couvertes aboutissant à une moindre présence des forces de l’ordre sur le territoire. La protection du citoyen par la présence aléatoire donc dissuasive des « patrouilles » de police et gendarmerie va donc s’en trouver amoindrie (cf. les détails dans l’interview déjà citée). Par réaction, des sociétés de gardiennage (des flics privés) vont pouvoir « offrir » (que le mot est amusant) leurs service à des municipalités fortunées voir aux particuliers les plus aisés et tant pis pour les autres…

Il peut paraître piquant de me voir défendre la redondance des forces de l’ordre, moi qui me trouve plutôt du coté libertaire de la barrière, mais si "vaches" il faut, j’aime encore mieux avoir affaire à des cognes payés par la république qu’à des cow-boys recrutés par Blackwater et autre riantes entreprises de cet acabit. Et le jour ou la foule en colère, ruinée par un crise économique que finit de nous mitonner l’incurie des dirigeants du monde face à la rapacité de quelques financiers sans scrupules, réclamera du pain et menacera d’aller de nouveau chercher « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » (ou ce qui en tiendra lieu à ce moment), j’aime à penser que les forces de l’ordre républicaines se rappelleront leur aïeux de la garde nationale et fraterniseront avec le peuple. En tout cas, ils le feront toujours plus facilement que les régiments de mercenaires autrichiens qui défendaient le Roi d’alors qui était leur employeur direct.

Que mai, mois frivole et gai nous apporte un printemps joyeux, ou révolté… Entre embrasser mon Amour et prendre mon fusil, l’hésitation me gagne chaque jour davantage. Suis-je vraiment le seul ?

Ar c’hazh du.

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C
<br /> Mais enfin, cher chat noir, à quoi bon chercher des sources qui c'est pour faire ensuite des raccourcis audacieux et injustifiés?<br /> Puisque vous admettez que mettre dans un même pannier (à salade?) la police et la gendarmerie, cela entraine une baisse des couts de structure, et effectivement une baisse du nombre de "forceurs de<br /> l'ordre", comment faites vous pour en déduire que cela diminue la présence de ceux ci sur le terrain? Pour moi, sur le principe en tout cas, n'avoir plus qu'un système de police, cela diminue<br /> uniquement les besoins en amont de gestion, d'équipement, de logistique, de "fichiers", etc... Le gain est là, et non sur le terrain.<br /> Après, en ces temps d'économie (pour refinancer nos pauvres loups blancs), il est probable que le nombre de personnes de terrain diminue en effet, mais ca n'est pas un effet direct de la fusion<br /> Police/Gendarmerie.<br /> <br /> Le sujet qui m'intéresse plus que tu soulèves et une sorte de répartition des pouvoirs, mais entre la police dirigée par un ministre et l'armée dirigée par le président de la république, les 2<br /> organisations sont déjà dans les mains de 2 frères de sang. On pourrait s'interroger plutôt de l'intérêt d'une organisation dirigée au niveau régional et une autre au niveau national, ou une par<br /> l'assemblée nationale et l'autre par l'exécutif, par exemple...<br /> C'est comment a l'étranger?<br /> <br /> <br />
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