La gazette de décembre 2009.

Publié le par Ar C'hazh Du

Miaou lecteur,


Pardon pour mon retard, voici une courte gazette pour ce mois de décembre. C’est la fin de l’année et je suis las du bruit du monde.

Si la gazette de janvier parlera de raisons d’espérer (un peu de teasing), celle-ci va s’intéresser au Taser et à ces autres armes « non létales » ou « sub-létales » suivant les coquetteries et contorsions des tenants de la chose à savoir les vendeurs et les états policiers acheteurs.


Je commence par un rapide rappel : la peine de mort est abolie dans toute l’Europe, donc en France. Cela signifie fort logiquement que nul ne saurait voir sa vie retirée par un état pour quelque raison que ce soit. En conséquence, on peut se demander de prime abord pourquoi donner à la force publique des armes létales par destination (des armes à feu en l’occurrence). On peut arguer que les représentants des forces de l’ordre doivent pouvoir se défendre lorsqu’elles sont attaquées et doivent pouvoir neutraliser un agresseur qui attaquerait un tiers et que s’il doit y avoir un mort dans l’affaire, autant que cela soit l’agresseur. Et que, de plus, puisqu’un agresseur pourrait illégalement être doté d’une arme létale par destination, l’utilisation d’armes à feu semblent une simple mise à niveau des forces de l’ordre envers les délinquants / criminels.

Certes, je réponds à cela que puisque les criminels emportent parfois avec eux un véritable arsenal de type fusil d’assaut, grenade, bombe (sale ou propre), pourquoi ne pas doter les forces de l’ordre du même armement pour cette même raison de « mise à niveau » ?

Pour couper court, disons simplement que les armes à feu ont un rôle dissuasif même lorsqu’elles restent à l’étui des représentants des forces de l’ordre, que leurs porteurs sont supposés formés et dotés du discernement nécessaire à l’emploi et surtout au non emploi de ces armes et qu’elles constituent un ultime recours face à un ou plusieurs individus armés en rapport et déterminés à faire usage de leurs armes à l’encontre de la population que doivent protéger les forces de l’ordre.


Mais si ces armes à feu sont si indispensables pour lutter contre le crime pourquoi nous faire croire que cette lutte sera plus efficace avec des armes « sub-létales » ? Et si c’est une question de degré de violence et dans le but humanitaire d’appréhender sans tuer, faut-il en déduire qu’il est normal que plutôt que de ne pas appréhender, les forces de l’ordre tirent pour tuer ?

A toutes ces questions, ma position de chat noir est claire et rappelée plus haut : On ne tue que si une autre vie en dépend immédiatement (et même alors, on doit en être sûr). Dans ces conditions, l’usage du Taser peut se justifier. Si c’est cela, pourquoi alors n’a-t-on pas remplacé toutes les armes à feu par des Taser ? Parce qu’il est souvent inefficace dans les conditions évoquées et c’est bien d’une arme à feu qu’il faut alors faire usage.


Le Taser est donc réservé à d’autres cas d’emploi. Et le problème c’est que cela le rend alors indéfendable puisque bien que réputé « sub-létale », il a déjà causé, au moins collatéralement, des morts (arrêt cardiaques, fracture du crâne consécutif à la chute, etc). Et, jamais un représentant des forces de l’ordre formé et doté du discernement nécessaire n’aurait employé une arme à feu dans les circonstances ou le Taser est parfois (souvent ?) employé. C’est toute la perversion de cette arme que de désinhiber son porteur… « Je peux l’utiliser, elle est non-mortelle » De plus la bavure est d’autant plus « tolérable » aux yeux des petits loups blancs qu’on leur a seriné que l’arme est « sub-létale ».


Bref, il faut, si l’on est humaniste, considérer que le Taser est une arme aussi dangereuse qu’une arme à feu et à ce titre ne la confier qu’à des forces de l’ordre auxquelles on confie déjà les dites armes et pour un usage identique, ce qui, du coup, lui enlève tout intérêt. Il est hors de question d’accepter de les confier à une quelconque police municipale ou autre milice privée légalement constituée ou non. Encore moins évidemment envisager sa vente, libre ou réglementée, au public.


Pour finir, je pense que « l’affaire Taser » s’inscrit dans un contexte pernicieux vers lequel notre société évolue : celui de la banalisation de la violence. Ce monopôle d’état, constitutif d’une organisation sociale apaisée tend, comme tant d’autre déjà, à (re-)devenir privé. Le retour des grandes compagnies de soldats de fortune du moyen-âge (aujourd’hui Blackwater et autres), la généralisation des armes dans les mains des particuliers (légalement ou non) et la banalisation d’armes « sub-létale », sont pour le petit chat noir fatigué de miauler sur une année bien décevante politiquement, économiquement et socialement, un autre signe de la dégradation de nos démocraties et du recul de l’esprit des lumières que pourtant, je persiste à penser universel.


Ar c’hazh du.

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L
<br /> mais que fait le chat?<br /> <br /> <br />
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