La gazette de juin 2009 :

Publié le par Ar C'hazh Du

Miaou lecteur,

Navré de ce retard à la publication de cette gazette. Comme chaque année, je rentre de mes vacances bretonnes ou durant 15 jours, j’ai su m’abstraire du buzz permanent dans lequel me plongent les médias et ma vie de travailleur salarié.
J’ai donc pu me ressourcer dans ce pays dont la culture me fascine et qui reste, au moins en " basse saison " et pour sa partie intérieure, relativement préservée sinon du modernisme et de ses excès mais au moins d’une défiguration touristique. Car, même abîmée par les dérives du productivisme agricole dont l’Europe ne s’est pas encore défait et qui conduit à la chute de cours (le lait récemment, mais avant le porc), à la pollution des sols, des nappes phréatiques, des rivières et du littoral ainsi qu’à la destruction des haies des parcelles remembrées, cette région de France reste, autant que faire se peut, dans notre monde mondialisé " authentique " et surtout magique à qui sait la découvrir…


Alors, pour rester dans le registre de l’environnement et suite à la brillante percée du mouvement écologiste aux élections européennes ou la faible participation a montré une fois encore que les petits loups blancs ne savent toujours pas vraiment ou siège le pouvoir qui nous dirige depuis plus de trente ans vers ce gâchis social et environnemental que nous constatons tous, j’ai noté, avant de décréter mon black-out de 2 semaines sur l’actualité que, toujours aussi vif dans l’art du populisme, notre despote élu pour 5 ans, avait déclaré moins de 3 jours après le dit succès qu’il inclurait dans sa relance de sortie de crise un volet éco-business. Sans préciser pour autant ce que pourrait bien être ce volet, sans renoncer aux réacteurs nucléaires de prochaine génération (bête noire des écologistes), et sans revenir bien sûr sur les massives aides financières de l’état pour les constructeurs automobiles qui semblent davantage vouloir utiliser cette manne pour payer des publicités vantant le non-impact de leurs produits sur l’environnement plutôt que de développer des moteurs réellement " vert " (pour peu que cela soit possible)…

Au-delà de la polémique et du populisme toujours aussi patent de notre despote élu pour 5 ans, il faut bien comprendre que renoncer au nucléaire aurait un certain nombre de conséquence que beaucoup de petits loups blancs vaguement verdissants mesurent mal. Pour étayer mon propos, je vais être contrait de fournir quelques chiffres tirés comme toujours de la toile (source inépuisable d’information qu’il faut bien entendu prendre avec des pincettes).
Ces dernières années, la France a consommé environ 480 Twh (téra watt heures) par an en électricité. De quoi faire tourner une moto à pleine puissance durant 1550 ans. Produite à env. 80% par le parc nucléaire français, cela représente 160.000 éoliennes moyennes. Quand on sait qu’une éolienne a besoin d’une zone d’env. 34 ha découverte pour fonctionner correctement (chiffre moyen, les sources ne sont pas très claires à ce sujet), il faudrait couvrir près de 10% du territoire national pour parvenir à produire l’énergie de notre parc nucléaire… Sans même parler des coûts de revient (qui rejaillirait évidemment directement sur notre facture EDF), et des conséquences sur les paysages, on mesure vite les limites de ces idées. Mais le pire c’est que le vent ne souffle pas régulièrement. Il y aurait donc des journées sans électricité… Difficile à tolérer.

Cela n’interdit pas, bien sûr, de placer des panneaux solaires sur nos toits d’immeubles et de maisons, ni de développer ça et là les parcs à vent, et de favoriser les mesures d’isolation des habitations, le tout pour soulager la consommation de produit générateurs de CO2, mais le problème énergétique est d’un tout autre ordre de grandeur.

Aussi, tant qu’on aura pas trouvé mieux (et je ne vois guère que la fusion contrôlée dans cette perspective à moyen terme), l’énergie nucléaire de fission reste la seule alternative aux énergies fossiles parce qu’elle est disponible H24, peu coûteuse et ne crée pas de gaz à effet de serre. Cette énergie n’est bien sûr pas sans défaut (principalement les déchets et les coûts de démantèlement) mais, pour peu qu’elle reste dans les mains d’un opérateur responsable, elle reste largement moins polluante que les marées noires à répétitions et les milliards de tonnes de CO2 dégagé par les combustibles fossiles. Le dit opérateur, récemment privatisé, sera-t-il aussi responsable que l’était l’état ? Wait and see… Si je me réfère au déboire connus par les autres secteurs réseaux privatisés depuis les 30 dernières années (eau, téléphone, train, autoroute…) on peut avoir des doutes quant au souci " sécurité " (qui, s’il n’a pas de prix à toujours un coût), face à la pression des actionnaires avides de profits. Le paradoxe de la situation c’est que la plupart des députés écologistes européens sont des libéraux convaincus (et donc pour les privatisations, dans le cadre de la théorie qui veut que la concurrence est bonne pour le consommateur) et contre le nucléaire en général sans proposer d’alternative crédible.

Il y a encore beaucoup de chemin à faire, petits loups blancs, avant que votre conscience écologique embryonnaire et vos appétits consuméristes insatiables savamment entretenus par un pouvoir aliénant et protéiforme ne trouvent un compromis que la planète puisse soutenir. Je rappelle au passage que ce compromis sera d’autant moins drastique pour tous que nous serons moins nombreux sur terre à en exploiter les ressources.

Ar c’hazh du.

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